Mayotte : un département français vraiment pas comme les autres !

Cet article paraîtra dans le prochain dossier de Profession Éducation, le mensuel du Sgen-CFDT, n° 273 (décembre 2019).

Mayotte : un département français vraiment pas comme les autres !Île de 374 km2 située dans le canal du Mozambique entre l’Afrique et Madagascar, Mayotte est un département français depuis 2011. Avec 256 000 habitants, elle compte 48 % d’étrangers, essentiellement comoriens (95 %).

Lors des mouvements sociaux de 2018, la préfecture de Mayotte a gelé les régularisations en cours, y compris les demandes de visas des étudiants étrangers. « La situation migratoire que connait ce département depuis maintenant deux décennies est insupportable et exceptionnelle. […] Il y a tellement de naissances à Mayotte que pour relever le défi de la scolarité, il faudrait ouvrir une classe par jour », avait déclaré Thani Mohamed Soilihi, sénateur LREM de Mayotte, vice-président du sénat.

La convention internationale des droits de l’enfant n’est pas respectée

Suite à l’adoption de « l’amendement Thani », la loi Asile et immigration est applicable depuis le 1er mars 2019 : désormais, un enfant né à Mayotte ne peut obtenir la nationalité à sa majorité qu’à condition que l’un de ses parents ait résidé en France de manière régulière et ininterrompue pendant plus de trois mois avant sa naissance.

Pour le Défenseur des droits, cette loi contrevient à la Convention internationale des droits de l’enfant, selon laquelle, «Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, […], l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.»

De plus, qui peut croire que cette loi (qui ne vaut qu’à Mayotte !) découragera l’immigration ?

Contrairement aux attentes des Mahorais, il est à prévoir qu’elle accentuera précarité et insécurité, abandon et délinquance… Phénomènes apparus en cascade depuis l’instauration du « visa Balladur » en 1995. Un visa d’entrée, difficile à obtenir, pour en finir avec la traditionnelle libre circulation entre Mayotte et le reste de l’archipel des Comores. Visa que l’ambassade de France à Moroni a cessé de délivrer durant plusieurs mois en 2018 au moment où le gouvernement comorien refusait les reconduites de ses ressortissants sans papiers. Témoignage d’un bras de fer diplomatique complexe, historique, dont les enfants payent le prix cher.

L’action du Sgen-CFDT Mayotte

Face à cette situation, le Sgen-CFDT Mayotte met en place un groupe de travail et de réflexion : « Dans un premier temps, il nous est nécessaire de réaliser une étude approfondie de la situation en menant une enquête de terrain auprès des chefs d’établissements, des services sociaux et des partenaires tels que la Cimade ou encore l’Association des étudiants étrangers à Mayotte.

Grâce à la collecte d’informations vérifiées, chiffrées, nous pourrons alors entamer un dialogue apaisé et constructif avec nos adhérents sur l’avenir de nos élèves étrangers dans l’intérêt de tous nos élèves.

Soucieux des valeurs défendues par le Sgen-CFDT, nous militons contre toute forme de discrimination, d’injustice sociale et de souffrance des populations. D’ores et déjà, nous souhaitons faire rétablir le protocole entre le vice-rectorat et la préfecture visant à favoriser l’obtention du visa d’études. »