Mayotte : les défis de l’éducation

L'ile de Mayotte est devenue département français en 2011. Les défis sont gigantesques, en particulier dans le domaine éducatif du fait notamment de la démographie et de ses pendants : le bâti scolaire et l'encadrement.

mayotteLe vice-rectorat de Mayotte est ainsi confronté à une course permanente à la construction de nouvelles salles de classe, un consensus des différents acteurs de l’ile estimant à 600 les besoins, besoins qui ne sont pas couverts.

Des tensions qui touchent parfois les établissements scolaires

En outre, les conditions de vie très difficiles dans les iles de l’archipel des Comores, poussent un nombre toujours croissant de leurs habitants vers Mayotte. Les tensions entre nouveaux arrivants, très majoritairement en situation irrégulière, et les Mahorais sont de plus en plus fortes et débouchent parfois sur des violences physiques, comme ont récemment pu en témoigner les médias.

Ces tensions se retrouvent parfois au sein des établissements scolaires où les enfants de parents en situation irrégulière sont jugés responsables du sureffectif, des mauvaises conditions d’apprentissages et du taux élevé de retard et d’échec scolaire qui en découlent.

Le Sgen-CFDT et la CFDT dénoncent fermement ces violences et rappellent régulièrement à l’État ses responsabilités. En particulier, lorsque des expulsions d’adultes en situation irrégulière ont pour conséquence de laisser sur l’ile des mineurs, livrés à eux-mêmes, devenant ainsi des proies faciles pour toutes les violences possibles. Ou encore lorsque des filtrages sont effectués par les Mahorais à l’entrée des écoles pour en interdire l’accès aux élèves d’origine étrangère, comme cela a été le cas lors de cette rentrée dans le sud de l’ile.

L’encadrement, un grand défi

L’encadrement de ces jeunes scolarisés est l’autre grand défi du système éducatif, mais il faut trouver un nombre croissant d’enseignants des deux degrés dans un territoire où le centre universitaire n’a ouvert qu’en 2009 et où le taux de réussite au baccalauréat est l’un des plus bas de France. L’ile compte donc beaucoup sur les enseignants titulaires métropolitains et sur les contractuels.

Pour le Sgen-CFDT, si les mesures indemnitaires ont été adaptées suite à la départementalisation (passage à une indemnité d’éloignement transitoire et une indexation progressive à tous les fonctionnaires), elles ne sont pas suffisantes pour faire venir et surtout stabiliser des personnels titulaires. Une réflexion doit être menée autour d’un système pérenne de reconnaissance de l’investissement des personnels dans ce territoire attachant mais exigeant, revendication portée par le Sgen- CFDT avec la CFDT Fonctions publiques auprès des ministères de l’Outremer et de la Fonction publique.

Permettre à la jeunesse de réussir

Plus généralement, il faut garantir aux jeunes Mahorais un projet de réussite scolaire et sociale sur l’ile, et aux personnels de l’Éducation nationale une reconnaissance professionnelle au moyen d’un projet de déroulement de carrière amélioré (avec accès à un grade fonctionnel, accès plus rapide à un grade supérieur, choix vers une mutation valorisée après un service effectué à Mayotte, etc.), autant de mesures dont les bénéfices seront conservés par les personnels tout au long de leur carrière, y compris lors du départ à la retraite.

Exercer à Mayotte est un challenge éducatif stimulant car il y a beaucoup à faire. Mais rien ne sera possible sans les autres services publics en matière de santé, de culture, de protection sociale, de formation professionnelle, mais aussi de police et de justice… Le Sgen-CFDT agit donc avec les autres fédérations de la CFDT, car le projet pour Mayotte doit être global, éducatif et économique…